Ce matin, je lisais un article sur les femmes au sein de la construction et j’ai eu envie de vous partager mon expérience en tant que jeune femme ayant intégré le monde de la construction il y a déjà 4 ans.
Ayant été élevé par des parents entrepreneurs je baignais évidemment déjà dans ce domaine depuis des années. Déjà très jeune j’avais un très grand intérêt pour ce qui était de l’architecture, du design intérieur, mais aussi de la construction en général. Je me souviens encore qu’au même moment où ma soeur aînée écoutait des émissions de cuisine ce sont les émissions de rénovation qui m’avaient accroché. Il faut dire que cette grande passion ne m’a jamais quittée… HGTV peut me garder occupée pendant des heures!
Déjà au secondaire, les calculs, les chiffres et l’aspect business m’interpelaient beaucoup. Ayant comme idée de devenir entrepreneur j’ai décidé de poursuivre mon parcours scolaire en administration au cégep.
N’étant pas du genre à laissé la vie me bercer; il me fallait un PLAN. Je tentais, donc, d’approcher mon père avec l’idée d’intégrer l’entreprise familiale. Un léger détail mit fin au plan assez rapidement… Mon père (salut papa!). Du haut de mes 18 ans je venais expliquer à mon père que je pourrais moi aussi être dans la construction. Vous vous douterez que la réponse était plutôt un petit rire et une réponse du genre continu tes études et on verra après le tout agrémenté de…une fille ça fait pas ça ces jobs là. Mon père a définitivement toujours été mon plus difficile client.
Il fallait, donc, que je fasse mes preuves. J’ai, donc, intégré l’université en marketing spécialisation mode dans l’espoir de devenir acheteuse pour des distributeurs de meubles et d’éventuellement ouvrir ma propre entreprise. L’été de ma deuxième année d’université il était temps de confronter mon père à nouveau. J’avais maintenant 20 ans, 2 années d’université de terminés, une expérience de travail en administration et du front tout le tour de la tête comme ma mère dirait.
Après l’avoir pratiquement harcelé j’ai terminé par le convaincre que je pourrais l’aidé d’un point de vue administratif. Encore aujourd’hui, j’hésite à dire s’il m’a dit oui simplement parce que j’étais énervante ou encore parce qu’il croyait que je pourrais réellement lui être utile. Il ne voulait que je touche à rien de manuel, mais il était prêt à accepter que je sois son adjointe. Et honnêtement, ça me convenait très bien. Il ne me fallait que quelques mois pour lui prouver mon intérêt pour le métier.
J’ai, donc terminé mon baccalauréat le plus rapidement possible avec de plus grands plans en tête. Mon père insistait pour que j’essaie un métier dans la branche dans laquelle je m’étais spécialisée. J’acceptai, donc, une offre d’emploi de l’employeur m’ayant offert un stage l’année scolaire précédente. Je travaillais, ainsi, à temps plein de jours et terminait mon BACC à temps plein de soir.
En décembre, on m’annonça la coupure de mon poste d’acheteuse junior au même moment que la mise à pied de plusieurs employés. Je me retrouvai, donc, sans emploi, mais avec beaucoup de détermination pour retrouver mon emploi au sein de l’entreprise familiale. Ayant essayé le métier pour lequel j’étais spécialement formée, mon père accepta que je reprenne mes fonctions à temps partiel et éventuellement à temps plein à la fin de mes études.
Je terminai, donc, mes études en avril 2016 à 21 ans et intégrai mon emploi qui serait éventuellement mon métier actuel une semaine plus tard.
L’intégration n’était pas facile, bien évidemment! Le monde de la construction, un tout nouveau métier, l’aspect technique de la plomberie, mais surtout travailler pour son père. À 21 ans j’avais l’impression que je mènerais ma vie sans nécessairement me faire dire quoi faire par mes parents, mais voilà que j’avais décidé que mon métier serait de faire exactement ce que mon père me demandait sans argumenter. Laissez-moi vous dire que c’est tout un sport et que comme tout sport ça a demandé beaucoup de pratique!
Le parcours n’a pas été facile et ne l’est toujours pas encore aujourd’hui. Je me surprends toujours aujourd’hui avec une clientèle qui parfois n’éprouve pas confiance en une femme et encore moins une jeune femme de 24 ans.
J’ai appris ma plomberie, j’ai obtenu mes licences d’entrepreneur général ainsi que spécialisé en plomberie de bâtiments de tous genres, j’ai résous plusieurs problématique chez plusieurs de mes clients, j’ai sauté dans plusieurs trou et arrivée chez moi sale de la tête au pieds mais encore aujourd’hui on ne me prend malheureusement pas toujours au sérieux. C’est une bataille constante que les femmes de la construction vivent et dont, je crois, il est important de discuter!
Et au final vous savez quoi… Si une femme est prête à mettre tous ces efforts sur un emploi je crois bien que ce sera la plus motivée et qu’elle doit sans le moindre doute adorer son métier ! Du moins, pour moi c’est le cas !
À tous nos clients, merci de votre confiance et c’est toujours un grand plaisir vous entendre dire que » finalement la petite a connait ça et a en a dedans » !
Erika Roberge, Responsable des opérations de l’entreprise Drain Rapide
11 août 2018